Le Brexit : Une bonne nouvelle ?
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Le 23 juin prochain, un référendum aura lieu sur la sortie du Royaume Uni de l'UE (Brexit). Pour le moment, les sondages donnent le non gagnant mais les Pro-Brexit sont de plus en plus nombreux et nous ne sommes pas à l'abri d'une surprise. C'est ce qui créer d'ailleurs d'importantes tensions sur la Livre Sterling ces derniers mois. Si jamais le oui venait à l'emporter, ce Brexit serait-il une si mauvaise nouvelle ? Tout dépend du point de vue selon lequel on se place...
Ce referendum sur le Brexit n'était pas voulu au départ par David Cameron mais devant la montée en puissance des eurosceptiques, le Premier Ministre Britannique à du s'engager à le faire pour gagner les législatives de 2015. C'était le seul moyen pour lui de rester au pouvoir. Seulement voila, maintenant il est obligé de respecter ses engagements. Pourtant, la position de David Cameron est ferme, le Royaume Uni doit rester dans l'UE.
Nous l'avions vu dans un précédent article (Brexit : les arguments de chaque camps), les sujets opposants les Pro UE aux Pro Brexit sont nombreux. C'est notamment la montée de l'extrême droite qui est à l'origine d'un possible Brexit. De plus en plus de Britanniques en ont marre de l'immigration massive en provenance des pays de l'Est, migrants qui selon eux volent leur travail et leurs allocations. On retrouve cette tendance dans l'ensemble des pays Européens.
L'immigration n'est toutefois pas le seul grief. Les Pro-Brexit reprochent également à l'UE un coût de fonctionnement trop élevé (participation au budget de l'UE), des régulations lourdes et absurdes (en provenance de Bruxelles) et une incapacité à gérer les crises.
Tous les économistes sont unanimes, la sortie du Royaume Uni de l'UE serait destructeur pour le PIB Britannique. Voici les résultats de plusieurs études menées sur le Brexit :
- Perte de 14% du PIB selon la fondation Allemande Bertelsmann Stiftung
- Perte économique de 100 milliards de Livres et destruction de presque 1 million d'emplois pour le CBI (Confederation of British Industry)
- Plus de 230 entreprises britanniques et allemandes présentes au Royaume Uni se disent déjà prêtes à déménager ou à réduire leurs activités selon une étude menée sur 700 entreprises par la Bertelsmann Foundation
- Une sortie probable de l'Ecosse du Royaume Uni, les Ecossais étant Pro-Européens.
Le Brexit pourrait donc entraîner le Royaume Uni dans une récession profonde et durable. Parmi les effets, on peut notamment attendre une chute forte de La livre Sterling sur le Forex (cf Conséquences du Brexit sur la Livre), un affaiblissement des entrées de capitaux et un effondrement des exportations.
La principale cause de tous ces effets serait l'instauration des droits de douane sur les biens et services. Il faut rappeler que plus de la moitié des exportations du Royaume Uni vont vers l'UE. En cas de Brexit, les Britanniques devront renégocier un accord de libre échange avec l'UE (mais aussi avec une cinquantaine d'autres Etats partenaires de l'UE...). Rappelons qu'au bout de 2 ans après le Brexit, les traités Européens cessent de s'appliquer sauf si les Etats Membres de l'UE décident de le prolonger. Reste à savoir si tel sera le cas... C'est la tout le cœur du débat en cas de Brexit et la décision pourrait traîner pendant une décennie (les dirigeants de l'UE voulant faire payer la sortie de l'UE au Royaume Uni). C'est cette incertitude qui fera fuir les entreprises et va plomber le PIB Britannique.
En dehors de son marché du travail ultraflexible, de sa fiscalité très avantageuse, c'est bien l'accès au marché Européen qui donne envie à toutes les entreprises de s'installer au Royaume Uni.
Londres accueille à l'heure actuelle 40% des sièges sociaux des 250 plus grandes multinationales mais aussi une multitude d'établissements financiers. En cas de vote favorable au Brexit, plus de 100 sièges multinationaux se disent également prêt à partir et on estime que près de 50% des banques de la City auraient intérêt à déménager. En effet, de nombreux établissements se verraient certainement privés de leur passeport qui lui permet, une fois agrée dans un Etat Membre, d'exercer leurs activités dans un autre pays Européens (passeport MIFID). De plus l'incertitude réglementaire et juridique serait trop grande (Un accord de libre échange sera t-il conclu avec l'UE?)
Résultat, les pays membres de l'UE pourrait récupérer en cas de Brexit une grande partie de cette activité sur leur territoire et notamment la France (avec Paris) et l'Allemagne. Tout le monde rêve de prendre des parts de marché aux Anglais et nulle doute que les pays de l'UE déplieront le tapis rouge pour accueillir ces établissements en provenance de Londres. Cela pourrait donc créer un surplus de croissance et la création de nombreux emplois en France et en Allemagne mais aussi dans d'autres pays Européens.
La France pourrait également tirer partie du Brexit pour ouvrir ses frontières vers l'Angleterre aux migrants de Calais (via le tunnel). Rappelons que la France a accepté de retenir ces migrants pour "faire plaisir au Royaume Uni" mais si un Brexit était voté, la France n'aurait plus aucune raison de les retenir.
La France redeviendrait également très certainement la 5ème puissance économique mondiale, titre qui lui a été retiré il y a peu par le Royaume Uni...
Si le oui l'emporte
La sortie du Royaume Uni (4ème contributeur de l'UE) aurait des conséquences financières directes sur le budget de l'UE avec une perte sèche de 12% (près de 11 milliards d'euros). Au vu des nombreuses crises traversées par l'UE, c'est un manque à gagner non négligeable.
Les interrogations sont également très nombreuses concernant la possibilité que d'autres Etats membres (cf Sortie de l'Allemagne de la Zone Euro ?) puissent également être tentés de quitter la Zone Euro. Selon Merrill Lynch, les conséquences d'un Brexit serait tellement dévastateur pour le Royaume Uni que cela dissuaderait les autres pays de tenter l'expérience. On pourrait y voir une opportunité pour renforcer les liens entre les différents pays de l'UE et conduire à de nombreuses avancées. En effet, Londres à souvent eu des avis divergeant face aux autres pays Européens et a bloqué bon nombre de décisions.
Seulement voila, le Brexit serait un saut dans l'incertitude pour l'UE, l'ouverture d'une boite de Pandore. Je pense surtout que si c'est le oui qui l'emporte le 23 juin prochain, de nombreux pays vont observer avec soins la façon dont le Royaume Uni arrive à sortir de la crise post-Brexit avec deux scénarios :
- Si le Royaume Uni limite la casse, alors d'autres pays pourraient suivre.... menant à terme à une implosion de l'UE ou à la formation de deux clans (les pays du Sud et les pays du Nord).
- Si le Royaume Uni plonge dans une profonde crise économique, alors l'UE pourrait réellement en tirer partie à terme, les pays Européens étant alors obligés d'aller vers une cohabitation plus poussée.
Si le non l'emporte
David Cameron a négocier avec les autres pays membres pour obtenir des concessions de la part de l'UE. Parmi les plus importantes concessions, on peut citer :
- la suppression du droit automatique aux prestations sociales pour les ressortissants d'autres pays de l'Union européenne : Cameron a obtenu le fait que le versement graduel des aides selon une échelle de temps et l'indexation des aides sur le niveau de vie d'ou vivent les enfants.
- Plus de pouvoir pour les parlements nationaux avec la possibilité de ne pas appliquer les directives européennes si plus de la moitié des parlements nationaux s'y opposent. Le Royaume Uni ne veut pas d'une Union plus étroite avec les autres pays de l'UE. Toutefois, ce ne sera inscrit uniquement s'il y a une révision constitutionnelle au sein de l'UE (ce qui n'est pas pour tout de suite)
- de la garantie de ne pas avoir à participer financièrement aux plans de sauvetage de l'Euro (comme le renflouement de la Grèce)
- Droit de regard sur les décisions de la Zone Euro : Cameron voulait avoir un droit de veto sur les décisions mais ce point point lui a été refusé.
Si le Brexit est rejeté par les Britanniques, l'UE est alors loin d'être sauvé. Deux scénarios sont alors possibles :
- La situation reste inchangé dans l'UE
- une Europe à la carte avec de nombreux autres pays qui pourrait être tentés d'utiliser la même technique que le Royaume Uni pour obtenir des concessions avantageuses de la part de l'UE. Cela pourrait conduire à terme à la fin de l'UE ou à la formation de deux clans (les pays du Sud et les pays du Nord).
Quelque soit l'issue du référendum, ce vote sur le Brexit pourrait aboutir à des changements profonds au sein de l'UE mais il n'y a pas de bons ou de mauvais scénarios. Tout va dépendre des dirigeants Européens, de savoir s'ils vont saisir cette occasion pour renforcer l'intégration au sein de l'UE ou bien au contraire si cela va mener à aggravation de la crise Européenne. Une chose est sur, rien ne va bouger vraiment avant 2017, date des élections en France et en Allemagne...
L'Europe est constamment sous pression et cet épisode sur le Brexit rappelle celui sur la Grèce. On nous fait croire que cela va être la fin du monde, les semblants de négociations s'éternisent et au final, très probablement, rien va ne se passer.
Pourquoi ce référendum sur le Brexit ?
Ce referendum sur le Brexit n'était pas voulu au départ par David Cameron mais devant la montée en puissance des eurosceptiques, le Premier Ministre Britannique à du s'engager à le faire pour gagner les législatives de 2015. C'était le seul moyen pour lui de rester au pouvoir. Seulement voila, maintenant il est obligé de respecter ses engagements. Pourtant, la position de David Cameron est ferme, le Royaume Uni doit rester dans l'UE.
Nous l'avions vu dans un précédent article (Brexit : les arguments de chaque camps), les sujets opposants les Pro UE aux Pro Brexit sont nombreux. C'est notamment la montée de l'extrême droite qui est à l'origine d'un possible Brexit. De plus en plus de Britanniques en ont marre de l'immigration massive en provenance des pays de l'Est, migrants qui selon eux volent leur travail et leurs allocations. On retrouve cette tendance dans l'ensemble des pays Européens.
L'immigration n'est toutefois pas le seul grief. Les Pro-Brexit reprochent également à l'UE un coût de fonctionnement trop élevé (participation au budget de l'UE), des régulations lourdes et absurdes (en provenance de Bruxelles) et une incapacité à gérer les crises.
Le Brexit : une catastrophe économique pour le Royaume Uni
Tous les économistes sont unanimes, la sortie du Royaume Uni de l'UE serait destructeur pour le PIB Britannique. Voici les résultats de plusieurs études menées sur le Brexit :
- Perte de 14% du PIB selon la fondation Allemande Bertelsmann Stiftung
- Perte économique de 100 milliards de Livres et destruction de presque 1 million d'emplois pour le CBI (Confederation of British Industry)
- Plus de 230 entreprises britanniques et allemandes présentes au Royaume Uni se disent déjà prêtes à déménager ou à réduire leurs activités selon une étude menée sur 700 entreprises par la Bertelsmann Foundation
- Une sortie probable de l'Ecosse du Royaume Uni, les Ecossais étant Pro-Européens.
Le Brexit pourrait donc entraîner le Royaume Uni dans une récession profonde et durable. Parmi les effets, on peut notamment attendre une chute forte de La livre Sterling sur le Forex (cf Conséquences du Brexit sur la Livre), un affaiblissement des entrées de capitaux et un effondrement des exportations.
La principale cause de tous ces effets serait l'instauration des droits de douane sur les biens et services. Il faut rappeler que plus de la moitié des exportations du Royaume Uni vont vers l'UE. En cas de Brexit, les Britanniques devront renégocier un accord de libre échange avec l'UE (mais aussi avec une cinquantaine d'autres Etats partenaires de l'UE...). Rappelons qu'au bout de 2 ans après le Brexit, les traités Européens cessent de s'appliquer sauf si les Etats Membres de l'UE décident de le prolonger. Reste à savoir si tel sera le cas... C'est la tout le cœur du débat en cas de Brexit et la décision pourrait traîner pendant une décennie (les dirigeants de l'UE voulant faire payer la sortie de l'UE au Royaume Uni). C'est cette incertitude qui fera fuir les entreprises et va plomber le PIB Britannique.
En dehors de son marché du travail ultraflexible, de sa fiscalité très avantageuse, c'est bien l'accès au marché Européen qui donne envie à toutes les entreprises de s'installer au Royaume Uni.
Le Brexit : Une opportunité pour les Etats Membres
Londres accueille à l'heure actuelle 40% des sièges sociaux des 250 plus grandes multinationales mais aussi une multitude d'établissements financiers. En cas de vote favorable au Brexit, plus de 100 sièges multinationaux se disent également prêt à partir et on estime que près de 50% des banques de la City auraient intérêt à déménager. En effet, de nombreux établissements se verraient certainement privés de leur passeport qui lui permet, une fois agrée dans un Etat Membre, d'exercer leurs activités dans un autre pays Européens (passeport MIFID). De plus l'incertitude réglementaire et juridique serait trop grande (Un accord de libre échange sera t-il conclu avec l'UE?)
Résultat, les pays membres de l'UE pourrait récupérer en cas de Brexit une grande partie de cette activité sur leur territoire et notamment la France (avec Paris) et l'Allemagne. Tout le monde rêve de prendre des parts de marché aux Anglais et nulle doute que les pays de l'UE déplieront le tapis rouge pour accueillir ces établissements en provenance de Londres. Cela pourrait donc créer un surplus de croissance et la création de nombreux emplois en France et en Allemagne mais aussi dans d'autres pays Européens.
La France pourrait également tirer partie du Brexit pour ouvrir ses frontières vers l'Angleterre aux migrants de Calais (via le tunnel). Rappelons que la France a accepté de retenir ces migrants pour "faire plaisir au Royaume Uni" mais si un Brexit était voté, la France n'aurait plus aucune raison de les retenir.
La France redeviendrait également très certainement la 5ème puissance économique mondiale, titre qui lui a été retiré il y a peu par le Royaume Uni...
Une bonne nouvelle pour l'UE ?
Si le oui l'emporte
La sortie du Royaume Uni (4ème contributeur de l'UE) aurait des conséquences financières directes sur le budget de l'UE avec une perte sèche de 12% (près de 11 milliards d'euros). Au vu des nombreuses crises traversées par l'UE, c'est un manque à gagner non négligeable.
Les interrogations sont également très nombreuses concernant la possibilité que d'autres Etats membres (cf Sortie de l'Allemagne de la Zone Euro ?) puissent également être tentés de quitter la Zone Euro. Selon Merrill Lynch, les conséquences d'un Brexit serait tellement dévastateur pour le Royaume Uni que cela dissuaderait les autres pays de tenter l'expérience. On pourrait y voir une opportunité pour renforcer les liens entre les différents pays de l'UE et conduire à de nombreuses avancées. En effet, Londres à souvent eu des avis divergeant face aux autres pays Européens et a bloqué bon nombre de décisions.
Seulement voila, le Brexit serait un saut dans l'incertitude pour l'UE, l'ouverture d'une boite de Pandore. Je pense surtout que si c'est le oui qui l'emporte le 23 juin prochain, de nombreux pays vont observer avec soins la façon dont le Royaume Uni arrive à sortir de la crise post-Brexit avec deux scénarios :
- Si le Royaume Uni limite la casse, alors d'autres pays pourraient suivre.... menant à terme à une implosion de l'UE ou à la formation de deux clans (les pays du Sud et les pays du Nord).
- Si le Royaume Uni plonge dans une profonde crise économique, alors l'UE pourrait réellement en tirer partie à terme, les pays Européens étant alors obligés d'aller vers une cohabitation plus poussée.
Si le non l'emporte
David Cameron a négocier avec les autres pays membres pour obtenir des concessions de la part de l'UE. Parmi les plus importantes concessions, on peut citer :
- la suppression du droit automatique aux prestations sociales pour les ressortissants d'autres pays de l'Union européenne : Cameron a obtenu le fait que le versement graduel des aides selon une échelle de temps et l'indexation des aides sur le niveau de vie d'ou vivent les enfants.
- Plus de pouvoir pour les parlements nationaux avec la possibilité de ne pas appliquer les directives européennes si plus de la moitié des parlements nationaux s'y opposent. Le Royaume Uni ne veut pas d'une Union plus étroite avec les autres pays de l'UE. Toutefois, ce ne sera inscrit uniquement s'il y a une révision constitutionnelle au sein de l'UE (ce qui n'est pas pour tout de suite)
- de la garantie de ne pas avoir à participer financièrement aux plans de sauvetage de l'Euro (comme le renflouement de la Grèce)
- Droit de regard sur les décisions de la Zone Euro : Cameron voulait avoir un droit de veto sur les décisions mais ce point point lui a été refusé.
Si le Brexit est rejeté par les Britanniques, l'UE est alors loin d'être sauvé. Deux scénarios sont alors possibles :
- La situation reste inchangé dans l'UE
- une Europe à la carte avec de nombreux autres pays qui pourrait être tentés d'utiliser la même technique que le Royaume Uni pour obtenir des concessions avantageuses de la part de l'UE. Cela pourrait conduire à terme à la fin de l'UE ou à la formation de deux clans (les pays du Sud et les pays du Nord).
Conclusion
Quelque soit l'issue du référendum, ce vote sur le Brexit pourrait aboutir à des changements profonds au sein de l'UE mais il n'y a pas de bons ou de mauvais scénarios. Tout va dépendre des dirigeants Européens, de savoir s'ils vont saisir cette occasion pour renforcer l'intégration au sein de l'UE ou bien au contraire si cela va mener à aggravation de la crise Européenne. Une chose est sur, rien ne va bouger vraiment avant 2017, date des élections en France et en Allemagne...
L'Europe est constamment sous pression et cet épisode sur le Brexit rappelle celui sur la Grèce. On nous fait croire que cela va être la fin du monde, les semblants de négociations s'éternisent et au final, très probablement, rien va ne se passer.
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