L'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi : un avenir prometteur !

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Un nouveau géant de l'automobile est né fin 2016 avec l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi. Cette alliance fait du groupe l'un des premiers constructeurs mondiaux. Le groupe Renault-Nissan-Mitsubishi a t-il les armes pour s'imposer comme le nouveau leader mondial ? Quels sont les risques qui pèsent sur sa croissance ?

L'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi en chiffres



Le nouveau trio fait maintenant partie des leaders dans le secteur d'activité automobile. Ses concurrents ne sont autres que Toyota, Volkswagen et General Motors. Alors que le classement était dominé par Toyota depuis plusieurs années, c'est Volkswagen qui a raflé la mise en 2016 avec 10.3 millions de véhicules vendus contre 10.18 millions pour Toyota. En embuscade, on trouve la nouvelle Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi avec 9.96 millions de véhicules écoulés et 9.8 millions pour General Motors en 2016. Le groupe est donc à la 3ème place du podium.

Avant 2007, c'est General Motors qui occupait la première place du classement, position que le constructeur automobile a occupé pendant plus de 70 ans. Mais aujourd'hui, malgré la performance de Volkswagen en plein scandale du Dieselgate, c'est bien Toyota qui domine les débats. Le groupe devrait d'ailleurs reprendre prochainement la première place et de loin en s'alliant avec Suzuki qui a vendu 2.8 millions d'unités en 2016. La nouvelle Alliance, Toyota-Suzuki, cela représenterait donc un total de 13 millions de ventes de véhicules par an, difficile à battre pour l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, même avec un fort taux de croissance de son volume d'activité.

En 2015, voici la répartition des ventes de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi selon les différentes marques :
alliance renault nissan vente automobile

Les principaux marchés de Renault et Nissan



Renault

En 2016 Renault a vendu 3.182 millions de véhicules (+13.3% par rapport à 2015). Le groupe Renault regroupe également Dacia et RSM. Voici la répartition des ventes du groupe par marques :

vente groupe renault
Le constructeur Renault est numéro 1 en France avec 22.3% des parts de marché et numéro 2 en Europe avec 8.1% de parts de marché grâce notamment au renouvellement de ses modèles depuis plusieurs années. Géographiquement, les ventes de Renault ont été dopé principalement par l'Inde et l'Iran alors que sa marque Dacia ne cesse de séduire les particuliers dans toute l'Europe.

Nissan

En 2016, Nissan a vendu 5.559 millions de véhicules (+2.5% par rapport à 2015). Ses principaux marchés sont les Etats Unis (avec 1.54 millions d'unités) et la Chine (avec 1.35 millions d'unités). En Europe, les ventes sont en léger repli de -0.7% par rapport à 2015, avec à 755 599 unités mais si on ne tient pas compte de la Russie, ses ventes sont en hausse de +4.6%.

Mitsubishi : une alliance en or



Fin 2016, Nissan est entré au capital de Mitsubishi à hauteur de 34% pour un montant de 2.1 milliards d'euros. Bien que Nissan n'est pas proposé à Renault d'entrer dans le capital de Mitsubishi, c'est bien Carlos Ghosn qui sera le nouveau PDG du Groupe. Pour pouvoir assumer l'ensemble de ses fonction, le patron a nommé un co-PDG à Nissan.

Le rachat de Mitsubishi s'est fait alors que l'entreprise est prise dans un scandale de tricherie sur les émissions de Co2, au même titre que Volkswagen. Cela a fait chuté lourdement le titre en Bourse. Nissan a saisie l'opportunité pour racheter le constructeur à bas prix (le rachat s'est fait 2 semaines après l'éclatement du scandale, ce qui sous entend une préparation de l'opération...).

Bien qu'une perte de 2.11 milliards ait été annoncé par Mitsubishi en 2016, il ne faut oublier que la marque n'avait pas connu de perte depuis 8 ans et que sa marge opérationnelle était jusque la de 6%. C'est donc une excellente opération pour l'alliance Renault-Nissan. Il va juste falloir du temps pour redorer le blason de la marque mais à terme, c'est un beau relais de croissance du volume d'activité qui s'annonce pour Renault-Nissan. Cela lui ouvre le marché de l'Asie du Sud Est, notamment de l'Indonésie et la Thailande, zone ou Nissan a une faible implantation.

Cette alliance avec Mitsubishi est également un moyen pour Renault-Nissan de réaliser de nombreuses économie d'échelles. Carlos Ghosn en est capable, il l'a déjà montré par le passé entre Renault et Nissan qui pourtant sont des marques sur des créneaux différents.

Les menaces qui pèsent sur l'Alliance



Donald Trump

Entre Nissan et Donald Trump, ce n'est pas une histoire d'amour. Le Président Américain souhaiterait que Nissan rapatrie ses usines de production du Mexique aux Etats Unis. Si Nissan ne se plie pas à ses exigences, Trump a clairement menacé de taxer les exportations du Mexique avec une lourde taxe frontalière. Pour Nissan, cela aurait un impact désastreux sur le nombre de ses ventes aux Etats Unis, son principal marché.

Nissan produit actuellement une partie de ses véhicules aux Etats Unis mais cela ne couvre que 64% de ses ventes. Le reste est importé du Mexique. La moitié des véhicules produits au Mexique est destiné au marché Américain. C'est donc toute cette partie de la production qui serait touché par cette taxe frontalière. Selon une estimation de JP Morgan, même si ce droit de douane n'était porté qu'à 10%, le résultat opérationnel consolidé de Nissan reculerait de 10,3%.

Carlos Ghosn s'est dit prêt à investir davantage aux Etats Unis pour augmenter ses capacités de production dans le pays. Si la croissance des ventes et du volume d'activité pour Nissan se poursuit aux Etats Unis (comme le prédit Ghosn du fait des lois pro business que veut faire adopter Trump), ce nouvel investissement pourrait toutefois ne pas être une si mauvaise opération.

Brexit

Le Brexit pourrait avoir de lourdes conséquences pour l'alliance Renault-Nissan. En effet, Nissan possède en Grande Bretagne l'un de ses principaux sites de production à Sunderland, qui nourrit toute l'Europe.

Pour le moment, le Brexit est une très bonne opération car cela a fait lourdement chuté la Livre Sterling. Les coûts de construction des véhicules Nissan distribués dans toute l'Europe sont donc réduits. En revanche, pour Renault, qui ne dispose pas d'une usine de production en Grande Bretagne mais qui détient 4.3% des parts de marché automobile Britannique, cela a un impact négatif sur les revenus.

Mais Theresa May, le premier ministre Britannique, a affirmé que le Brexit aurait bien lieu. Cela plonge Nissan dans une période d'incertitude. Nissan doit-il continuer à produire au Royaume Uni sous peine de devoir payer des taxes frontalières pour accéder au marché Européen ? Theresa May a affirmé à Carlos Ghosn que le secteur d'activité automobile (qui emploi près de 800 000 personnes en Grande Bretagne) est l'une de ses priorités. Il est donc fort probable qu'aucune taxe ne soit voté sur les exportations de véhicules vers Europe. Mais l'incertitude est bien la, comme pour de nombreux autres constructeurs automobile. Nissan doit donc prévoir un plan B au cas ou, pour la production de 500 000 véhicules.

Dieselgate

Le groupe Renault est visé par une enquête judiciaire sur ses moteurs diesel et sur leur système de contrôle des émissions polluantes (comme pour Volkswagen). D'importants dépassements de seuil ont été relevé sur des véhicules Renault par une commission d'experts indépendants. Carlos Ghosn a affirmé son entière collaboration dans ce dossier mais si l'enquête devait aboutir à une condamnation, la facture pourrait être très élevé. Les répercutions sur les résultats de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi serait désastreux. Renault devrait alors indemniser ses clients et payer une lourde amende. Rappelons que pour Volkswagen, la facture du Dieselgate s'élève à 22 milliards de dollars.

Carlos Ghosn

Des rumeurs ont circulé suite à un éventuel départ après la nomination d'un co-PDG pour gérer Nissan. Seulement l'arrivée de Mitsubishi dont Ghosn va s'occuper justifie pleinement cette nomination. L'inquiétude vient plutôt du salaire du PDG de Renault-Nissan-Mitsubishi qui était de 7.2 millions d'euros en 2015. Des concessions ont été accordé par l'intéressé qui s'est mis d'accord pour réduire son variable et le soumettre aux votes des actionnaires en 2016. Mais réduire le salaire mirobolant des grands patrons reste un cheval de bataille de l'Etat, enfin du moins des candidats à la présidentielle. Si une baisse importante du salaire est voté, Carlos Ghosn pourrait être pris d'une envie d'aller voir ailleurs.

L'Etat actionnaire

En Avril 2015, l'Etat a fait l'acquisition surprise de près de 5% du capital de Renault ce qui a entraîné la colère de Carlos Ghosn. Après un long bras de fer, l'Etat a obtenu l'obtention de droit de vote double ce qui lui confère une minorité de blocage sur les sujets stratégiques de Renault. Au manette de cette opération, on trouvait.... Emmanuel Macron alors ministre des finances. Si Macron devenait Président, il est possible qu'il souhaite renforcer de nouveau sa participation au sein de Renault et l'intérêt de l'état est souvent très variable. Il peut un jour avoir une vision long terme et un autre jour vouloir imposer une décision pour satisfaire un objectif court terme. L'Etat est rarement un bon allié pour faire face à la concurrence.

La Russie

En Russie, l'alliance Renault-Nissan et AVTOVAZ (qui commerciale la marque Lada appartenant à l'alliance) représente 1/3 des ventes de véhicules. C'est le leader du marché. Seulement avec la grave crise économique traversée par la Russie (baisse du pétrole, crise du Rouble, sanctions occidentales...), le niveau des ventes s'est effondré. Les ventes de Lada sont passées de 600 000 unités à moins de 300 000. Résultat, Renault et Nissan ont du recapitaliser la marque pour 1.1 milliards d'Euros. L'effort financier a été supporté en grande partie par Renault sous la pression de l'Etat Russe.

Mais c'est le prix à payer pour rester en bon terme avec la Russie, Lada étant une marque historique dans le pays. De plus, elle permet au groupe Renault-Nissan un accès au marché intérieur Russe (140 millions d'habitants) dont le potentiel de croissance est très important. Renault est le 4ème constructeur dans un pays ou seul 1/3 de la population dispose d'une voiture quand la moyenne européenne est de 65%. Si la crise Russe se poursuit, les pertes pourraient continuer de s'accumuler pour Lada et peser sur les résultats de Renault-Nissan-Mitsubishi.

La voiture électrique : important relais de croissance



Sur le marché des véhicules électriques zéro émission, Renault est l'un des précurseurs en France et en Europe. Le constructeur capitalise près de 110 000 unités vendus entre ces différents modèles électriques (Zoe, Kangoo, Fluence, Twisy). Nissan lui est le leader incontesté avec sa Leaf vendu déjà à 250 000 exemplaires dans le monde depuis sa sortie.

Au total, l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi totalise des ventes cumulées fin 2016 de plus de 420 000 véhicules électriques. Rien qu'en 2016, l'Alliance Renault-Nissan a vendu près de 100 000 unités avec une hausse de 8% par rapport à l'année 2015. Le marché est en plein boom et pour profiter à plein de la croissance de l'électrique, Renault compte lancer de nouveaux modèles d'ici peu. En Europe, 1/4 des véhicules électriques sont de marque Renault. Le constructeur domine également le marché français.

Pour le moment, le marché de l'électrique représente moins de 1% de ventes mondiales mais avec l'amélioration des batteries et les nombreuses aides proposées par les Etats, nul doute que l'électrique va continuer de se développer dans les années à venir. Tous les constructeurs s'y mettent, preuve que l'électrique, c'est l'avenir, un important relais de croissance. Le rythme de croissance de l'électrique n'est plus entre les mains des constructeurs mais des pouvoirs publics qui doivent mettre à disposition l'infrastructure nécessaire et des aides pour l'achat des véhicules.

Renault-Nissan-Mitsubishi devra innover en permanence afin de conserver son leadership sur ce créneau. Ses parts de marché sont aujourd'hui de 50% dans le monde. Il va être difficile de garder ce niveau avec l'arrivée de nouveaux concurrents.

Conclusion sur l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi



Les activités de Renault-Nissan-Mitsubishi sont très variés et la diversification géographique des ventes est optimale. L'alliance dispose également d'une grande gamme de véhicules avec ses nombreuses marques ce qui lui offre des relais de croissance partout dans le monde. Le trio est l'un des 3 plus grands constructeurs mondiaux et tout porte à croire qu'il va le rester un bon moment. En effet, avec le boom de la voiture électrique sur laquelle l'alliance est en avance sur ses concurrents, c'est un avantage stratégique très important. Prendre la tête du classement semble toutefois illusoire avec l'alliance de Toyota et Suzuki.

Les principaux risques qui pèsent sur l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi sont sur le marché Américain avec l'arrivée de Donald Trump, les effets du Brexit et la possibilité d'écoper d'une amende avec l'enquête en cours sur la falsification des tests d'émissions (Dieselgate) pour Renault.

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